télévision

Après avoir, des années durant, dîné à onze heures du soir, nous étions passés à six ou sept heures, nous étant convertis au principe du high tea. Mais comme nous regardons le journal télévisé de huit heures, pour nous tenir un peu informés et voir la tête des gens, cela faisait, dans le travail, deux interruptions trop rapprochées, ou bien une seule trop longue. Nous avons donc, insensiblement, regroupé high tea et nouvelles de huit heures, de sorte que nous dînons à huit heures devant notre télévision, comme des caricatures de Français moyens. Par le biais d’excentricités successives et contradictoires, nous sommes arrivés au comble de la banalité et du conformisme. Mais bien entendu ça n’a rien à voir — n’importe quel bathmologue de première année en attestera. Dîner à huit heures devant la télévision, étant donné notre histoire, est le comble du comble de la liberté d’esprit (et d’autant plus que ça ne se voit pas).

Renaud Camus, « jeudi 4 novembre 2010 », Parti pris. Journal 2010, Fayard, p. 449.

David Farreny, 27 juin 2011

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