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Ils restaient alors là couchés, mais ils ne retrouvaient pas l’abandon de la première nuit à l’hôtel. Elle cherchait et cherchait encore quelque chose, furieuse et grimaçante, et incrustait la tête dans la poitrine de son partenaire, et leurs enlacements et les bonds de leurs corps qui se précipitaient l’un sur l’autre ne leur faisaient pas oublier mais leur rappelaient au contraire le devoir de chercher encore ; comme des chiens qui grattent désespérément le sol, c’était ainsi qu’ils s’acharnaient l’un contre l’autre, et puis, déçus, impuissants à s’aider pour chercher un dernier bonheur, ils se passaient parfois la langue sur la figure. La fatigue seule les apaisait et les rendait reconnaissants l’un envers l’autre. Les bonnes arrivaient parfois :

« Vois comme ils sont couchés là », disait l’une et, par pitié, elle jetait un drap sur eux.

Franz Kafka, « Le château », Œuvres complètes (1), Gallimard, pp. 539-540.

David Farreny, 22 oct. 2011

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