course

Me rends à la grande grange. René L* a refait le plancher ainsi que la porte de gauche. Rejoint par les petits. Nous déplaçons quelques tas de bois, pour faciliter le mouvement, puis, un geste en entraînant un autre, entreprenons d’enlever ce qui encombre le bâtiment depuis cinquante ans et plus, bottes de paille, planches vermoulues, cartons. Nous revenons à la tâche en début d’après-midi, tirons la scie à bûche montée sur chariot hors du bâtiment, puis la grande charrette. Celle-ci est en piteux état, le timon, ainsi que l’espèce de beaupré (les « plantes »), calcinés, le plancher vermoulu. Nous dégageons l’essieu, à peine retenu aux longerons par deux cavaliers, et mettons la carcasse au feu que nous venons d’allumer sur le terre-plein. En fin d’après-midi, on y voit plus clair. Ne restent plus que les brabants, la herse, les roues de charrette, les deux carrioles, l’une en haut, l’autre en bas, du bois de chauffage et le stock de planches de chêne, à l’étage. Depuis hier, il me semble faire le vide, allumer des bûchers funéraires. Peu nombreuses, les choses qui poursuivent leur course après que nous avons été engloutis.

Pierre Bergounioux, « dimanche 11 avril 2004 », Carnet de notes (2001-2010), Verdier, pp. 474-475.

David Farreny, 2 fév. 2012

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