peine

La promesse d’un beau jour ne tient guère. Le ciel, bientôt, se couvre. Je m’impatiente d’être enfermé dans cet appartement, me remémore le grand passé, la séparation tranchée, d’emblée, entre ce que j’ai eu, étais, par la force des choses, et ce à quoi j’aspirais, et les rêveries passionnées qui l’anticipaient, vaille que vaille. Je sors marcher, par les rues où la vie, d’abord, a tenu avant de migrer au large. Toute chose se dessine à la lumière neuve, glacée, de la soixantaine. Exister n’en vaut pas la peine. Le détour par la vie aurait pu m’être avantageusement épargné. Trop de complications, de douleur, de fatigues, d’inquiétudes, de déchirements, de pertes, de regrets, de déconvenues, de morts, avant que la nôtre ne nous délivre enfin de tout ça.

Pierre Bergounioux, « vendredi 23 février 2007 », Carnet de notes (2001-2010), Verdier, p. 726.

David Farreny, 15 fév. 2012

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