envie

Il est assez piquant et assez rare d’être subitement et complètement dépaysé. J’eus ce plaisir. Je m’étais endormi au commencement de la nuit d’un sommeil profond. Vers six heures du matin, on vint me tirer par le bras et me dire : « Vous êtes en Suède ! » Je m’élançai sur ce rivage nouveau ; tout avait changé. C’était une autre nature, une autre langue, d’autres hommes ! J’avais devant les yeux le spectacle neuf pour moi d’une ville suédoise avec ses maisons de bois peintes de diverses couleurs. Le costume des paysans, la race de leurs chevaux, la forme de leurs charrettes, tout était différent de ce que je voyais la veille. Un sommeil de quelques heures me séparait de l’Allemagne, et déjà elle fuyait loin de moi. Le ciel, hier si bleu, était pâle et terne, le temps me paraissait refroidi, peut-être par l’envie que j’avais de me sentir en Suède.

Jean-Jacques Ampère, Littératures et voyages. Esquisses du Nord, Didier.

David Farreny, 21 avr. 2013

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