jour

Quand finira-t-elle, cette nuit intérieure, l’univers,

et moi, mon âme, aurai-je mon jour ?

Quand m’éveillerai-je du fait d’être éveillé ?

Je ne sais pas. Le soleil brille haut :

impossible de le fixer.

Les étoiles froides nous font signe :

impossible de les compter.

Le cœur étranger bat :

impossible de l’écouter.

Quand s’achèvera-t-il, ce drame sans théâtre,

ou ce théâtre sans drame,

et quand pourrai-je rentrer chez moi ?

Où ? Comment ? Quand ?

Chat qui me fixes avec les yeux de la vie, qui caches-tu derrière toi ?

Oui, oui, c’est lui !

Lui, comme Josué, ordonnera au soleil d’arrêter sa course et je m’éveillerai ;

et alors il fera jour.

Souris dans ton sommeil, mon âme !

Souris, mon âme : il fera jour !

Fernando Pessoa, « Magnificat », Poèmes d’Álvaro de Campos.

David Farreny, 8 avr. 2014

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