À la question « Que désirent les femmes ? », Freud avait répondu en se grattant la barbe : « Mystère et boule de gomme. » Eût-il vécu l’avènement du consumérisme et sa révolution hédoniste appelant à la satisfaction de tous les caprices « sociétaux » des classes moyennes, c’en fût fini de sa perplexité. Il eût vu comment le cinéma, la mode, la publicité et les idéologies libertaires postmodernes ont permis aux femmes d’exprimer de clarifier, surtout, l’objet de leur désir, à savoir, précisément d’être des objets de désir. Pareille libération se vérifie surtout l’été quand, de l’adolescente à la mère de famille en passant par la jeune femme sans marmaille, se manifeste non pas la loi mais le déterminisme du genre. Le maillot deux pièces – dont, parfois, on enlève le haut sur la plage –, le short en jean coupé très court porté avec un débardeur large ou près du corps, les espadrilles à talon haut pour affiner la jambe, la chevelure huilée, les lunettes noires à la Audrey Hepburn, un tatouage au creux des reins, telle est la panoplie estivale du sexe dont la nature est de s’exhiber et d’érotiser les mœurs. À leur façon, bruyante et plutôt vulgaire, les Femen incarnent aussi ce désir d’être désirées. Telle est l’ironie consciente et assumée de leur combat supposé en finir avec le patriarcat, qu’il suscite un intérêt libidineux de l’opinion « machiste », laquelle attend que ces petites amazones urbaines sexy radicalisent leur activisme jusqu’à faire des irruptions ici ou là le derrière à l’air et, ainsi, qu’elles reçoivent les coups de martinet qu’elles réclament à l’évidence de la part de l’Ordre. Nous-même, nous le confessons, aimons à regarder les Femen qui luttent dans la rue la poitrine gonflée par le désir d’en découdre.