décalage

En effet : l’esclavage suppose l’instinct de troupeau, le goût du loisir, la misanthropie. Alors que, saisi par le démon de la communication, l’esclave branche son esprit déjà saturé de pensées sans sujet ni objet à d’innombrables sources de bruits et d’images et se complaît dans la compagnie de ses semblables, l’homme du loisir, jaloux du silence propice à ses divagations évite autant que possible toute connexion à des appareils et fuit le commerce des fâcheux. Alors que, aux ordres des horloges, l’un s’adonne aux mêmes corvées et distractions que celles des autres esclaves et aux mêmes heures, l’autre, se pliant à la logique du farniente ou aux caprices d’une œuvre, s’abandonne à une vie solitaire en décalage horaire.

Frédéric Schiffter, « 1 », Philosophie sentimentale, Flammarion.

David Farreny, 25 juin 2024

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