concurrence

Étendu sur le tapis balkanique et rempli de souvenirs précis, je me suis livré (!) à des pensées insensées, dont même le quartet de Schumann a été incapable de me libérer. Seule votre voix a pu faire ce miracle. Je suis déjà une autre personne — celle qui a tant ri avec vous pendant ce moment unique. Jamais je n’aurais pu prévoir que quelqu’un jouerait un tel rôle à ce point de ma vie. La fatigue me semblait être ma seule compagne. Elle l’est aussi, en vérité, mais par chance, vous lui faites une dangereuse concurrence.

Emil Cioran, « À Friedgard Thoma (Paris, 21 juin 1981) », Manie épistolaire. Lettres choisies 1930-1991, Gallimard.

David Farreny, 1er nov. 2024

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