dérape

Il s’agit d’une femme grande, un peu plus que moi, au corps délié, au visage d’une beauté régulière, plutôt rare, mais moins rare que régulière, au point que le regard ne s’y accroche pas, s’y perd, dérape dans une sorte de transparence ou de pureté avant de se retenir à la saillie de l’œil, extraordinairement bleu et dont on se demande, naturellement, s’il abrite quoi que ce soit derrière sa liquidité, à moins qu’à la pureté ne se substitue ici une dureté, je ne sais pas. Elle porte une veste un peu longue, de type trench, ses cheveux sont serrés dans un foulard rouge. Je cherche Diane Eckart, me dit-elle, je crois savoir qu’elle habite là, vous êtes peut-être son mari.

J’ai déjà entendu ce genre de voix. Registre médian, peu d’intonation, une égalité à quoi la pureté (ou la dureté) du regard ne se raccorde pas, et qui rend un effet de collage. Sauf que cette femme ne dissimule rien, ne joue pas.

Nous ne sommes pas mariés, dis-je. Diane est absente. Vous la cherchez pour quoi ?

Christian Oster, Le cœur du problème, L'Olivier.

David Farreny, 9 fév. 2025

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