œuvre : Lettres à Milena, Franz Kafka
bureau

Songe, Milena, que le bureau n’est pas une institution arbitraire et stupide (il est cela aussi et surabondamment, mais ce n’est pas ici la question ; il relèverait d’ailleurs plutôt du fantastique que du stupide), mais que jusqu’ici, c’est ma vie ; je ne puis m’arracher à lui ; ce ne serait peut-être pas mauvais, mais jusqu’ici, précisément en fait je n’ai pas su le faire, c’est bien ma vie ; je peux me conduire avec lui miteusement, travailler moins que personne (je le fais), bousiller le travail (je le fais), faire quand même l’important (je le fais), accepter comme un dû le traitement le plus charmant qui soit concevable en son sein, mais mentir pour courir soudain en homme libre, moi qui ne suis qu’un employé, à un endroit où ne m’appellerait rien d’autre que le battement normal du cœur, non, je ne peux pas.

Franz Kafka, Lettres à Milena, Gallimard, p. 153.

David Farreny, 20 mars 2002
grand

Je me suis levé de grand matin, comme à la pire époque.

Franz Kafka, Lettres à Milena, Gallimard, p. 263.

David Farreny, 21 mars 2002
interroger

Quand je n’ai pas dormi, je pose des questions à tort et à travers. J’en poserais indéfiniment : ne pas dormir c’est interroger ; si on connaissait la réponse, on dormirait.

Franz Kafka, Lettres à Milena, Gallimard, p. 139.

David Farreny, 4 mars 2008
mauvaise

Il n’est pas passé cependant, ce commun voyage en ligne droite par la montée de la petite rue pavée, avec le retour par l’allée qu’éclairait le soleil du soir ; il est toujours présent et c’est pourtant une mauvaise plaisanterie que de le dire présent.

Franz Kafka, Lettres à Milena, Gallimard, p. 82.

David Farreny, 22 mars 2002
possession

Peut-on reprendre possession d’une chose ? N’est-ce pas la perdre ?

Franz Kafka, « 9 août 1920 », Lettres à Milena, Gallimard, p. 182.

David Farreny, 23 mars 2002
radieuse

Je ne trouve rien à écrire, je ne sais que flâner autour des lignes dans la lumière de vos yeux, dans l’haleine de votre bouche, comme dans une journée radieuse, une journée qui reste radieuse même si la tête est malade, même si le cerveau est fatigué, même si je dois partir lundi par Munich.

Franz Kafka, Lettres à Milena, Gallimard, p. 36.

David Farreny, 23 mars 2002
reliquats

Je ne suis pas très satisfait de cette lettre. Ce ne sont que les reliquats d’une très intense conversation secrète.

Franz Kafka, Lettres à Milena, Gallimard, p. 105.

David Farreny, 23 mars 2002
signe

Tu as peur quand tu penses à la mort ? Je n’ai qu’une effroyable peur de souffrir. C’est mauvais signe. Vouloir la mort sans la souffrance est mauvais signe.

Franz Kafka, Lettres à Milena, Gallimard, p. 246.

David Farreny, 24 mars 2002

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